Durant les années 90, une autre discipline mécanique connaissait une immense popularité : le British Touring Car Championship, ou « BTCC ». Parmi les nombreux constructeurs impliqués, Opel a longtemps été un acteur majeur, à l’image de la fameuse Vauxhall Cavalier BTCC.
Il fut une époque où la Formule 1 n’était pas la seule discipline automobile à attirer les foules devant leurs téléviseurs. Une période où les pilotes faisaient preuve d’une agressivité sans pareil sur la piste. Une époque où les voitures ressemblaient réellement aux modèles de série. Une période marquée par les commentaires enflammés du légendaire Murray Walker.
Pour revivre cette ère dorée du sport automobile, il faut remonter trente ans en arrière, aux années du BTCC, ou championnat britannique de voitures de tourisme. Les audiences télévisuelles de ce championnat étaient à la hauteur des grandes affiches de la Premier League, attirant des foules de téléspectateurs. Quand des pilotes de renom tels que Steve Soper, John Cleland, Laurent Aiello, Jason Plato, Alain Menu ou encore Yvan Muller se disputaient la victoire, il était rare de voir une voiture finir une course sans aucune égratignure.
Heureusement, un spécimen authentique de cette période glorieuse a été préservé : voici la Vauxhall Cavalier BTCC de 1995.
Grille profondément remodelée
À l’aube de la saison 1995, la composition du plateau avait changé de manière drastique.
Après avoir dominé la saison précédente, Alfa Corse décide de se recentrer sur le championnat italien de Supertourisme. TWR Volvo troque la 850 Estate pour la berline 850.
Frank Williams fonde « Williams Touring Car Engineering » et prend en charge le développement de la Renault Laguna. Depuis 1992, Rouse Sport, qui gère l’équipe officielle de Ford, s’engage pour une troisième saison avec la Mondeo V6. Toyota continue la compétition avec la Carina, sous la houlette de Toyota Team Europe. Total Team Peugeot réengage la Peugeot 405 Mi16 pour sa dernière année.
Honda intègre le championnat avec Motor Sport Developments, en alignant la toute nouvelle Accord. Pour finir, Vauxhall annonce que la Cavalier sera remplacée par la Vectra à la fin de la saison, avec John Cleland et James Thompson derrière le volant.
En tout, ce sont 8 constructeurs présents sur la ligne de départ en 1995, déterminés à succéder à Gabriele Tarquini au classement pilotes.
Une livrée légendaire
Ce modèle arbore une déco extérieure – similaire à celle d’Opel – qui est devenue une véritable icône pour la marque au griffon. La peinture blanche est rehaussée par un adhésif géométrique jaune sur les portières. Les sponsors historiques de l’époque sont eux aussi reproduits sur la carrosserie.
Certains détails de la carrosserie sont également repeints en jaune, tels que la calandre, les rétroviseurs et la traverse du coffre arrière. Le tout repose sur des jantes Dymac à écrou central, fabriquées en magnésium ultra-léger, ne pesant que 8 kg chacune.
Nouveauté à la poupe : la voiture se dote d’un aileron arrière fixe sur le coffre. En effet, la FIA avait finalement décidé de permettre l’utilisation des ailerons après les modifications audacieuses apportées par Alfa Romeo la saison précédente. Enfin, la ligne d’échappement se termine par une sortie centrale unique.
L’intérieur a été aménagé par RML : réduction de poids intérieur, cluster d’instruments, pédalier, etc. Des sièges baquets Sparco ont été ajoutés. L’ensemble des commandes est regroupé sur la console centrale à l’aide de commutateurs faciles d’accès en course.
Le pilote est solidement maintenu par des harnais 5 points et protégé par un arceau-cage, qui ressemble à un véritable enchevêtrement de tubes plus qu’à un système de sécurité. L’instrumentation est centralisée sur un affichage numérique.
Sous le capot, la Vauxhall Cavalier répond aux nouvelles normes FIA. Le moteur « Swindon » est équipé d’une culasse « inversée », avec le collecteur d’admission à l’avant du moteur, permettant d’optimiser la conception et les performances de la boîte à air. La gestion du moteur est assurée par une cartographie Alpha-Weber.
Le moteur 4 cylindres 2.0 développe 290 ch et un couple maximum de 260 Nm, associé à une boîte séquentielle X-Trac à 6 rapports.
Côté châssis, le freinage est confié à des étriers AP à l’avant et Brembo à l’arrière. Les suspensions Dynamics sont pleinement ajustables. L’utilisation intensive de matériaux légers permet à la Cavalier de passer sous la barre des 1000 kg, avec un poids de 975 kg seulement!
Un exemplaire soigné
Le châssis n°022 appartenait à John Cleland, couronné champion en 1989. Il change de main pour la coquette somme de 94 500 livres sterling, soit environ 112 000 euros.
Ce prix reflète bien le prestige de la machine. En effet, la Cavalier n°022 a permis à John Cleland de remporter le titre en 1995. Cleland est également célèbre pour son caractère bien trempé dans les paddocks et son affrontement mémorable avec Tim Harvey et John Soper pour le titre sur le circuit de Silverstone en 1992.
Cleland termine champion en 1995 devant Alain Menu et Rickard Rydell. Cependant, Vauxhall échoue au classement des constructeurs, devancé de seulement 5 points par Renault.
RML, le préparateur de la Cavalier, vend la n°022 à Jim Richards, qui décide d’en faire usage en compétition en Australie. Après plusieurs changements de propriétaires, la Cavalier revient en Angleterre en 2005, avant de rester à l’arrêt jusqu’en 2011.
La n°022 n’est ressortie que pour des occasions spéciales, la dernière en date étant cette année, où elle a retrouvé la piste de Brands Hatch lors du Super Touring Power Festival pour la première fois depuis plus d’une décennie.
Pour les passionnés de voitures de tourisme, la Vauxhall Cavalier figure parmi les modèles les plus emblématiques de la discipline. Et cela vaut bien plus qu’une simple réjouissance à la ligne d’arrivée.