Dans un cadre où l’électrification devient incontournable, les fabricants automobiles n’ont plus vraiment le luxe du choix. Lamborghini a décidé de se conformer aux exigences strictes de l’Europe en remplaçant l’Aventador par la Revuelto. En revanche, McLaren a opté pour une approche différente en ignorant ces directives et en remplaçant la 720S par la 750S, un modèle toujours thermique mais plus puissant. Dès lors, quel choix s’avère le plus judicieux en termes d’efficience et de performance ?

Analysons d’abord la Revuelto. La tâche de remplacer l’une des supercars les plus virulentes de son époque n’est pas simple. Néanmoins, la nouvelle venue de Sant’Agata s’en sort admirablement bien. Elle conserve le V12 6.5 atmosphérique de l’ancienne version, tout en intégrant trois moteurs électriques, ce qui fait grimper la puissance combinée à 1.015 chevaux et 1.062 Nm de couple. Le tout est transmis aux quatre roues via une boîte automatique à 8 rapports. Cependant, cet ajout électrique alourdit la voiture, qui pèse désormais 1.772 kg.

La transmission intégrale, un atout de taille

La McLaren 750S, quant à elle, reprend la formule de la 720S en la peaufinant et y ajoutant une trentaine de chevaux supplémentaires. Ainsi, le V8 4.0 biturbo développe maintenant 750 chevaux et 800 Nm de couple. Ici, toute cette puissance est envoyée exclusivement aux roues arrière via une boîte automatique à 7 rapports. La britannique se distingue par son poids plume, affichant uniquement 1.389 kg sur la balance.

Malheureusement, même avec d’excellentes performances, la McLaren peine à rivaliser avec une supercar hybride de plus de 1.000 chevaux dotée par ailleurs d’une transmission intégrale. La Lamborghini parcourt le quart de mile en à peine 10,1 secondes, comparé aux 10,6 secondes nécessaires pour la 750S. La britannique a néanmoins remporté une course en départ lancé grâce à la lenteur de la boîte automatique de la Lamborghini. Cependant, la Revuelto reprend l’avantage lors de la deuxième tentative, en mode manuel cette fois-ci. L’italienne sort également victorieuse du test de freinage, malgré un poids supérieur de 400 kg. Une victoire nette et indiscutable !

Traditionnellement, Lamborghini est surtout connue pour ses voitures sportives au design angulaire et agressif. Bien que la marque ait tenté une incursion sur le marché des GT plus confortables dans les années 70, avec des modèles comme l’Espada, ces tentatives n’ont pas rencontré un grand succès. À Sant’Agata, le choix a donc été de se concentrer sur des voitures de sport sans compromis, en réponse aux attentes des clients.

La Countach a ouvert la voie, suivie dans les années 90 par la Diablo. Après le rachat par le groupe Volkswagen, la marque a étendu sa gamme vers des modèles plus « abordables ». Ainsi, la remplaçante de la Diablo, la Murcielago, a été accompagnée d’une petite sœur appelée Gallardo. À la fin des années 2000, Lamborghini avait même imaginé une grande berline prenant pour base le V10 de 5,2 litres et 560 chevaux de la « petite Lambo ». En 2008, le concept Estoque fait une entrée remarquée.

À deux doigts de la production…

L’Estoque a été bien accueilli, dans un contexte où les grandes berlines sportives et luxueuses étaient très prisées. À cette époque, Porsche enregistrait des ventes record avec la Panamera, Maserati maintenait sa survie grâce à la Quattroporte et Aston Martin tentait sa chance avec la Rapide. Ferrari, de son côté, proposait la FF, un modèle quatre places avec deux portes. Mais faute de concrétisation, l’Estoque restera un concept enfoui, jamais entré en production.

Les choses ont évolué depuis, et nous vivons une ère différente. Aujourd’hui, il n’est plus question d’intégrer un V10 dans une berline, l’avenir est à l’électrique. Lamborghini ayant déjà introduit un SUV, l’Urus, la marque pourrait être tentée d’explorer d’autres segments. Avec le soutien financier du groupe Volkswagen et l’accès à son impressionnante gamme de composants, Lamborghini pourrait facilement concrétiser ce concept-car.

Il est tentant de penser que la plateforme PPE, utilisée pour les Audi e-tron GT et Porsche Taycan, pourrait parfaitement convenir à la Lamborghini Estoque. La principale difficulté serait de convaincre la direction de ne pas convertir ce modèle en SUV. Pourtant, le concept électrique Lanzador, dévoilé l’année dernière à Pebble Beach, montre que Lamborghini est bien décidé à agrandir sa famille de modèles surélevés…